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SIXIÈME ENNÉADE.


même. En outre, le Bien ne consiste pas dans l’essence ; il est donc au-dessus de l’essence. Mais si par bien on entend une qualité [la bonté], on sait que la qualité ne peut être mise au rang des genres premiers. — Quoi donc ? L’Être n’est-il pas bon ? — Oui, sans doute ; mais il n’est pas bon de la même manière que le Premier, qui est bon, non par une qualité, mais par lui-même, — Mais, nous objectera-t-on, vous avez dit que l’Être renferme les autres genres en lui-même, et que chacun de ceux-ci est un genre parce qu’il est quelque chose de commun et qu’on le trouve en plusieurs choses. Si donc on aperçoit aussi le bien dans chacune des parties de l’Essence ou de l’Être, ou du moins dans le plus grand nombre, pourquoi le bien ne serait-il pas aussi un genre et un des genres premiers ? — C’est qu’il n’est pas le même dans toutes les parties de l’Être, qu’il y est ou au premier degré ou au second, et ainsi de suite ; que ces divers biens sont tous subordonnés les uns aux autres, le dernier dépendant du premier[1] et tous dépendant d’un seul, qui est le Bien suprême ; c’est enfin que si tous participent du bien, ce n’est que d’une manière qui varie suivant la nature de chacun.

Si l’on veut encore que le bien soit un genre, ce sera un genre postérieur : car il sera postérieur à l’essence. Or l’être de l’Essence (τοῦ τί ἐστι τὸ εἶναι (tou ti esti to einai)), quoiqu’il soit toujours uni à l’Essence, est le Bien même, tandis que les genres premiers appartiennent à l’Être en tant qu’être et forment l’Essence. C’est de là qu’on s’élève au Bien absolu, qui est supérieur à l’Être : car il est impossible que l’Être et l’Essence ne soient pas multiples ; l’Être renferme nécessairement en lui-même les genres premiers que nous avons énumérés ; il est l’un-multiple.

Mais si par bien on entend ici l’unité qui est dans l’Être (et nous n’hésitons pas à reconnaître que l’acte par lequel

  1. Ficin ajoute dans sa traduction : Rursumque inde posterius.