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LIVRE DEUXIÈME.


l’Être aspire à l’Un est son vrai bien, que c’est par là qu’il reçoit la forme du Bien), alors le bien de l’Être est l’acte par lequel il aspire au Bien ; cet acte constitue sa vie ; or cet acte est un mouvement, et nous avons déjà mis le mouvement au nombre des genres premiers. [Il est donc inutile de faire du bien ainsi conçu un nouveau genre.]

XVIII. Quant au beau, si par là on entend la Beauté première, la beauté suprême, nous répondrons comme au sujet du bien, ou du moins nous ferons une réponse fort analogue. Si l’on veut seulement parler de cette splendeur dont brille l’idée, nous dirons que cette splendeur n’est pas la même partout, et que d’ailleurs elle est quelque chose de postérieur[1]. Si l’on considère le beau comme étant l’Essence absolue, il est alors compris dans l’Essence dont nous avons déjà traité [et par conséquent ne forme pas un genre à part][2]. Si on le considère par rapport à nous autres, spectateurs, et qu’on le fasse consister à produire en nous une certaine émotion, un tel acte est un mouvement ; si on considère au contraire la tendance qui nous entraîne vers le beau, il y a encore là mouvement.

La science est le mouvement par excellence : car elle est l’intuition de l’Être ; elle est un acte et non une simple habitude. Elle doit donc aussi être rapportée au mouvement[3]. On peut encore la rapporter à la stabilité [si on la considère comme un acte durable], ou plutôt elle appartient aux deux genres. Mais si elle appartient à deux genres différents, elle est quelque chose de mélangé ; or ce qui est mélangé est nécessairement postérieur [aux éléments qui entrent dans le mélange et ne peut être genre premier].

L’Intelligence, c’est l’Être pensant, comprenant tous les genres, et non un genre unique. L’Intelligence véri-

  1. Voy. Enn. I, liv. VI.
  2. Voy. Enn. V, liv. VIII.
  3. Voy. le passage du Sophiste de Platon que nous avons cité ci-dessus p. 216, note 1.