elle est une partie d’une partie [c’est-à-dire une partie de l’Intelligence qui est elle-même une partie, comme il vient d’être dit], mais elle existe en vertu de l’acte de l’Intelligence qui agit hors d’elle-même. En effet, quand l’Intelligence agit en elle-même, les actes qu’elle produit sont les autres intelligences ; quand elle agit hors d’elle, elle produit l’Âme. Quand l’Âme agit à son tour comme genre ou espèce, elle engendre les autres âmes qui sont ses espèces. Ces âmes ont elles-mêmes deux actes : l’un, dirigé vers ce qui est au-dessus d’elles, constitue leur intelligence ; l’autre, dirigé vers ce qui est au-dessous d’elles, donne naissance aux autres puissances rationnelles, et même à une dernière puissance qui est en contact avec la matière et la façonne[1]. La partie inférieure de l’âme n’empêche pas tout le reste de demeurer dans la région supérieure[2]. D’ailleurs, cette partie inférieure n’est que l’image même de l’âme ; elle n’en est pas séparée[3], mais elle ressemble à l’image réfléchie par un miroir, image qui persiste tant que le modèle est placé devant le miroir. — Mais comment doit-on concevoir que le modèle est placé ainsi devant le miroir ? — Le voici : jusqu’à ce qui est immédiatement au-dessus de l’image [c’est-à-dire jusqu’à l’âme], c’est le monde intelligible, composé de tous les intelligibles, et tout parfait. Le monde sensible n’est que l’imitation de celui-là, et il l’imite autant qu’il lui est possible, en ce qu’il est lui-même un animal qui est l’image de l’Animal parfait ; il l’imite comme le portrait obtenu par la peinture ou réfléchi par la surface de l’eau reproduit la personne placée au-dessus de l’eau ou devant le peintre. Ce portrait obtenu par la peinture ou réfléchi par la surface de l’eau n’est pas l’image du composé qui constitue
- ↑ Pour l’explication de tout ce que Plotin dit ici sur l’Intelligence et l’Âme, Voy. Enn. IV, liv. VIII, § 3-7 ; t. II, p. 482-492.
- ↑ Voy. Enn. IV, liv. VIII, § 8 ; t. II, p. 492.
- ↑ Voy. Enn. IV, liv. IV, § 29 ; t. II, p. 377.