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LIVRE TROISIÈME.

et détermine le beau], de même il doit y avoir une raison du grand, raison qui étant participée par un objet le rend grand, comme la raison du beau rend beau. Telles sont les choses pour lesquelles la quantité admet des contraires.

Pour le lieu, il n’a point de contraires, parce que le lieu n’appartient pas proprement au genre de la quantité. Lors même que le lieu ferait partie de la quantité, le haut ne serait pas contraire à quelque chose, si dans l’univers il n’y avait le bas. Les termes de haut et de bas appliqués à des parties signifient seulement plus haut et plus bas que quelque chose. Il en est de même de droit et de gauche ; ce sont là des relatifs[1].

Les syllabes et le discours sont des quantitatifs : ils peuvent être des sujets par rapport à la quantité ; mais ce n’est que par accident. En effet, la voix par elle-même est un mouvement[2] ; elle doit donc être ramenée au mouvement et à l’action.

XIII. Nous avons déjà expliqué que la quantité discrète est bien distinguée de la quantité continue par sa définition propre et par la définition commune [de la quantité][3]. Nous ajouterons que les nombres sont distingués les uns des autres par le pair et l’impair. S’il y a en outre quelques différences parmi les nombres pairs ou les impairs, il faut rapporter ces différences aux objets dans lesquels se trouvent les nombres, ou bien aux nombres qui sont composés d’unités[4] et non plus à ceux qui sont dans les choses sensibles.

  1. « C’est surtout relativement à l’espace que la quantité semble avoir des contraires. En effet, on regarde le haut comme le contraire du bas, appelant bas ce qui est vers le centre, parce que le centre est à la plus grande distance possible des bornes du monde. C’est même de là qu’on semble tirer toutes les définitions des autres contraires : car les choses qui dans un même genre sont les plus éloignées les unes des autres sont appelées contraires. » (Aristote, Catégories, II, chap. vi ; tr. fr., p. 79.)
  2. Voy. ci-dessus le livre i, § 5, p. 159.
  3. Voy. ci-dessus le commencement du paragraphe 11, p. 267.
  4. Voy. ci-après le livre vi.