reille marche nous conduirait à plusieurs absurdités. D’abord, de cette manière, le bien ne serait qu’un attribut. Ensuite, notre âme a plusieurs désirs, et ceux-ci ont des objets différents : comment discernerions-nous par le désir lequel de ces objets est meilleur ? On ne saurait discerner ce qui est meilleur sans connaître le bien.
Ferons-nous consister le Bien dans la vertu propre à chaque être[1] ? Alors, en suivant une marche rigoureuse, nous ramènerions le bien à être une forme et une raison. Mais, arrivés là, que répondrons-nous si l’on nous demande à quel titre ces choses elles-mêmes sont des biens ? Dans les choses imparfaites, il semble facile de distinguer le bien, quoiqu’il n’y soit pas pur ; mais, dans les choses intelligibles, nous ne discernerons pas d’abord le bien en les comparant aux choses inférieures. Comme il n’y a là-haut aucun mal, et que les choses excellentes existent en elles-mêmes, nous nous trouverons embarrassés. Nous ne le sommes peut-être que parce que nous cherchons la raison d’être [du bien], tandis que, les intelligibles étant des biens par eux-mêmes, la raison d’être est ici identique à la quiddité[2]. Si nous disons qu’il y a une autre cause [du bien], Dieu lui-même, comme la raison ne nous y a pas encore conduits, nous n’aurons pas résolu la question. Nous ne pouvons cependant reculer, et nous devons chercher à arriver par une autre voie à quelque chose de satisfaisant.
XX. Puisque maintenant nous n’avons pas confiance dans les désirs pour déterminer ici l’essence et la qualité, aurons-nous recours à d’autres règles, aux contraires, par exemple, tels que l’ordre et le désordre[3], la proportion et la disproportion, la santé et la maladie, la forme et le