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Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/524

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LIVRE SEPTIÈME.

corps ; il y a dans l’âme elle-même des formes graduées ; l’intelligence enfin est plus forme que l’âme), le bien suit évidemment une progression inverse de celle de la matière ; il se trouve dans ce qui est purifié et affranchi de la matière, et il s’y trouve en proportion même de la pureté ; il se trouve au plus haut degré dans ce qui s’est affranchi de la matière le plus qu’il est possible ; enfin le Bien en soi, étant éloigné de toute matière, ou plutôt n’ayant jamais eu aucun point de contact avec elle, constitue une nature qui n’a aucune espèce de forme et de laquelle procède la première forme [l’Intelligence]. Mais nous traiterons ce point plus loin[1].

XXIX. Supposons que le plaisir n’accompagne pas le bien, mais qu’avant le plaisir il existe une chose qui le fasse naître ordinairement [parce qu’elle est bonne], pourquoi le bien ne serait-il pas alors aimable ? — Mais en disant que le bien est aimable, nous avons déjà admis qu’il est accompagné de plaisir, — Supposons cependant que le bien puisse exister sans être aimable [par conséquent sans être accompagné de plaisir]. — Dans ce cas, même en présence du bien, l’être qui possède la sensibilité ne saura pas que le bien est présent. — Qui empêche cependant qu’un être ne connaisse la présence du bien sans éprouver aucune émotion lorsqu’il le possède, ce qui convient parfaitement à celui qui est tempérant et qui ne manque de rien ? Il résulte de là que le plaisir ne saurait convenir au Premier, non-seulement parce qu’il est simple, mais encore parce que le plaisir a pour cause l’acquisition de ce qui manque.

Mais, pour que cette vérité apparaisse dans tout son jour, il faut que nous ayons auparavant écarté toutes les autres opinions, et surtout que nous ayons réfuté la doctrine qui nous est opposée. Voici la question qu’on

  1. Voy. ci-après § 32, p. 469.