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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.


coordonnées dans la Raison totale de l’univers. Pour cela, elle n’a pas besoin de raisonner, il lui suffit d’un acte d’imagination par lequel, tout en demeurant en elle-même, elle produit à la fois la matière et les raisons séminales qui, en donnant la forme à la matière et en la façonnant, constituent tous les êtres vivants (t. I, p. 188-193 ; t. II, p. 211-218, 259, 286-287, 349-350). — L’action que l’Âme exerce comme Puissance naturelle et végétative constitue le Destin qui est subordonné à l’Intelligence (t. I, p. 182, 188, 191, 472 ; t. II, p. 6, 16-18, 76, 80, 211-218, 379, 284-288, 344-354). Les diverses puissances par lesquelles l’Âme administre l’univers pour le bien général sont des démons (t. II, p. 113, 633).

Puisque c’est l’Âme universelle qui a donné à la matière son existence et ses qualités, c’est elle qui, en créant l’univers, a en même temps constitue l’étendue par sa procession : car la grandeur matérielle de chacune des choses qui tombent sous les sens a pour cause la grandeur idéale qui se trouve dans sa forme intelligible (t. II, p. 163-168).

L’Âme est le principe du temps comme elle est celui de l’étendue. Elle le produit par la durée et la variété de sa propre vie, par la longueur de l’action au moyen de laquelle elle fait subsister et elle meut l’univers. Le temps est ainsi dans l’Âme et avec l’Âme, comme l’Éternité est dans l’Intelligence et avec l’Intelligence (t. II, p. 196-209).

L’Âme agit sans cesse pour faire subsister l’univers : car il est éternellement produit ; il n’a pas eu de commencement et il n’aura pas de fin (t. I, p. 264 ; t. II, p. 20).

Puisque, sans cesser d’être impassible, l’Âme universelle réalise dans la matière, en lui communiquant la vie et le mouvement, les formes qu’elle reçoit elle-même de l’Intelligence, elle est la Raison totale de l’univers (t. II, p. 24, 48-50, 61-63, 74, 80, 343-348) ; elle fait de lui l’Animal un et universel (t. I, p. 182 ; t. II, p. 27, 40, 83-87, 384, etc.), doué de toutes les perfections (t. II, p. 293).

Elle y fait régner l’ordre et la justice. — 1° L’ordre règne dans l’univers parce que toutes choses procèdent d’un principe unique et conspirent à un but unique ; tout en remplissant chacune un rôle particulier, elles se prêtent un mutuel concours ; les actions qu’elles produisent et les passions qu’elles subissent sont toutes coordonnées dans l’harmonie générale de l’univers, où l’Âme donne à chaque être des fonctions conformes à sa nature et réalise ainsi la variété dans l’unité afin que la vie soit mobile et multiple (t. I, p. 173-176 ; t. II, p. 54-70, 279, 290, 404, etc). — 2° La justice règne dans l’univers parce que les âmes sont punies ou récompensées par les conséquences naturelles de leurs actions : car, lorsqu’elles exercent