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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS

non longe positum est ab uno quoque nostrum : in illo enim vivimus, et movemur, et sumus[1]. » (De Trinitate, VIII, 3.)

§ 1. DES MYSTÈRES.

Ce qu’il y a de plus original peut-être dans ce livre, c’est le magnifique morceau qui le termine, et dans lequel Plotin, après avoir ramené graduellement l’âme des choses sensibles aux choses intelligibles et de la multiplicité qui l’entoure à l’unité qui constitue le fond de son être (p. 540-541), l’élève de l’Intelligence divine à l’Un et au Bien, et, après une explication mystique du mythe de l’Amour et de Psyché (p. 559), assimile la vision ineffable que l’âme a de Dieu à la contemplation du spectacle que dans les mystères on offrait aux yeux des initiés. Nous croyons donc qu’il ne sera pas sans intérêt pour le lecteur que nous rapprochions ici de cet important morceau de Plotin et des autres passages que nous avons réunis dans les notes (p. 563-565) ce que les anciens et les modernes ont écrit de plus explicite à ce sujet.

Écoutons d’abord le témoignage de Clément d’Alexandrie :

« Ce n’est pas sans raison que, dans les mystères des Grecs, ont lieu d’abord les purifications, analogues aux ablutions chez les Barbares. Viennent ensuite les petits mystères, renfermant un certain fondement d’instruction et de préparation à ce qui doit suivre. Quant aux grands mystères, dans toute leur teneur, il ne reste plus rien à apprendre ; il n’y a qu’à contempler et à concevoir en esprit la nature [de ce qui se passe sous les yeux] et les choses [qui se font]. » (Clément d’Alexandrie, Stromates, V, p. 689, éd. Potter[2].)

Olympiodore formule en ces termes l’opinion des Néoplatoniciens :

« Dans les cérémonies saintes on commençait par les lustrations publiques ; ensuite venaient les purifications plus secrètes ; à celles-ci succédaient les réunions ; puis les initiations elles-mêmes ; enfin les intuitions. Les vertus morales et politiques correspondent aux lustrations publiques ; les vertus purificatives, qui nous déga-

  1. Voy. ci-dessus p. 557 et note 5.
  2. Aux passages de Pindare que nous avons cités dans les notes ci-dessus (p. 505-566) on peut joindre les témoignages suivants : « Le secret mystique des cérémonies sacrées est un hommage à la divinité dont il imite la nature, qui se dérobe aux yeux. » (Strabon, Géographie, X, p. 467, éd. Casaubon.) On dit que ceux qui ont participé aux mystères en deviennent plus pieux, plus justes et meilleurs en toute chose. » (Diodore de Sicile, V, 48, éd. Wesseling.)