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SIXIÈME ENNÉADE, LIVRE IX.

gent du monde extérieur, aux purifications secrètes ; les vertus contemplatives, aux réunions ; les mêmes vertus, dirigées vers l’unité, aux initiations ; enfin l’intuition pure des idées à l’intuition mystique. Le but des mystères est de ramener les âmes à leur principe, à leur état primitif et final, c’est-à-dire à la vie en Jupiter, dont elles sont descendues avec Bacchus qui les y ramène. Ainsi l’initié habite avec les dieux, selon la portée des divinités qui président à l’initiation.

Il y a deux sortes d’initiations : les initiations de ce monde, qui sont pour ainsi dire préparatoires ; et celles de l’autre, qui achèvent les premières. » (Olympiodore, Commentaire sur le Phédon ; dans les Fragments de philosophie ancienne de M.  Cousin, p. 448.)

On peut encore rapprocher du passage de Plotin sur les mystères le morceau suivant de Thémistius, où l’on trouve d’ailleurs plutôt l’affectation d’un bel esprit que la profondeur d’un philosophe :

« La sagesse, fruit de son génie et de son travail, Aristote l’avait recouverte d’obscurité et enveloppée de ténèbres, ne voulant ni en priver les bons ni la jeter dans les carrefours ; toi [mon père], tu as pris à part ceux qui en étaient dignes, et pour eux tu as dissipé les ténèbres et mis à nu les statues. Le néophyte, qui venait de s’approcher des lieux saints, était saisi de vertige et frissonnait ; triste et dénué de secours, il ne savait ni suivre la trace de ceux qui l’avaient précédé, ni s’attacher à rien qui pût le guider et le conduire dans l’intérieur : tu vins alors t’offrir comme hiérophante, tu ouvris la porte du vestibule du temple, tu disposas les draperies de la statue, tu l’ornas, tu la polis de toutes parts[1], et tu la montras à l’initié toute brillante et toute resplendissante d’un éclat divin ; et le nuage épais qui couvrait ses yeux se dissipa ; et du sein des profondeurs sortit l’Intelligence, toute pleine d’éclat et de splendeur, après avoir été enveloppée d’obscurité ; et Vénus apparut à la clarté de la torche que tenait l’hiérophante, et les Grâces prirent part à l’initiation. » (Thémistius, Discours, t. XX, Éloge de son père, ch. 4.)

Dans son profond Mémoire sur les Mystères de Cérès et de Proserpine (Mém. de l’Acad. des Inscriptions et Belles-Lettres, t. XXI, 2e partie, p. 25), M.  Guigniaut résume ainsi ses recherches :

« Des phénomènes terrestres, les vicissitudes de la végétation, surtout celle du blé, la vie et la mort de la nature dans leur perpétuelle alternance, faisaient le fond de toute cette mythologie et de

  1. Cette expression semble empruntée à Plotin (tome I, p. 111) : « Fais alors comme l’artiste qui retranche, enlève, polit, épure, jusqu’à ce qu’il ait orné sa statue de tous les traits de la beauté, etc. »