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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS

toutes ces cérémonies mystiques. Mais ce fond n’était pas tellement physique qu’il ne fût en même temps moral et métaphysique, qu’il ne se rapportât à l’homme et à sa destinée, aussi bien qu’à la nature et à son histoire représentée par celle des dieux. Seulement, il se rapportait à l’un comme à l’autre d’une manière indirecte, énigmatique, symbolique, où les idées pures étaient confondues avec les faits sensibles et les sentiments avec les images, où la religion parlait à l’imagination pour arriver au cœur et à l’esprit. »

M. A. Maury qui, dans son savant ouvrage sur les Religions de la Grèce, a résumé les travaux les plus récents et les plus estimés sur la matière (t. II, chap. 11), aboutit à la même conclusion.

Tous ces auteurs sont parfaitement d’accord avec Plotin sur le sens profond qu’il donne aux rites pratiqués dans les mystères. Nous remarquerons à cette occasion que, malgré l’importance qu’il attache à ces cérémonies religieuses, notre philosophe n’a jamais témoigné le moindre penchant pour les folies de la théurgie, mise en honneur après lui par Jamblique et ses successeurs. C’est ce qu’indique fort bien Olympiodore :

« Les uns donnent le premier rang à la philosophie, comme Plotin, Porphyre et beaucoup d’autres ; les autres à la religion, comme Jamblique, Syrianus, Proclus, et en général tous les Hiératiques. Platon, qui a compris les arguments des deux partis, les ramène tous à une vérité unique. » (Olympiodore, Commentaire sur le Phédon ; dans les Fragments de Philosophie ancienne de M. Cousin, p. 449.)

§ II. LA VISION DE DIEU.

Plotin a décrit la vision de Dieu dans plusieurs passages (t. I, p. 109-112 ; t. III, p. 62-63, 82-84, 126-127, 473-479), mais nulle part il n’en fait une peinture aussi complète que dans notre livre (p. 551-565).

Du reste, la théorie qu’il en donne ne lui est pas particulière. Elle se trouve également dans les Pères de l’Église, même dans ceux qui ne sont pas mis au nombre des mystiques. Saint Augustin, par exemple, a composé sur ce sujet un petit traité où il dit :

« Deinde potest movere, quomodo jam ipsa Dei substantia videri potuerit a quibusdam in hac vita positis, propter illud quod dictum est ad Moysen : Nemo potest faciem meam vider e et vivere ; nisi quia potest humana mens divinitus rapi ex hac vita ad angelicam vitam, antequam per istam communem mortem came solvatur. Sic enim raptus est, qui audivit illic ineffabilia verba, quæ non licet homini loqui ; ubi usque adeo facta est ab hujus vitæ