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SIXIÈME ENNÉADE, LIVRE IX.

sensibus quœdam intentionis aversio, ut, sive in corpore, sive extra corpus fuerit, id est, utrum, sicut solet ta vehementiori exstasi, mens ab hac vita in illam vitam fuerit alienata, manente corporis vinculo, an omnino resolutio facta fuerit, qualis in plena morte contingit, nescire se diceret. » (Epistolœ, cxlvii, De videndo Deo[1].)

Dans plusieurs passages de la Cité de Dieu, le même Père fait allusion à la théorie néoplatonicienne sur l’union de l’âme avec Dieu :

« Cette vision de Dieu est en effet la vision d’une beauté si parfaite et si digne d’amour que Plotin n’hésite pas à déclarer que sans elle, fût-on d’ailleurs comblé des autres biens, on est nécessairement malheureux[2]. » (Cité de Dieu, X, 16 ; trad. de M. Saisset, t. II, p. 214.)

« Dieu est la source de la béatitude et la fin de tous nos désirs. Nous attachant donc à lui, ou plutôt nous y rattachant au lieu de nous en détacher pour notre malheur, nous tendons vers lui par l’amour, afin de trouver en lui le repos et de posséder la béatitude en possédant la perfection. Ce souverain bien, en effet, dont la recherche a tant divisé les philosophes, n’est autre chose que l’union avec Dieu ; c’est en le saisissant, pour ainsi dire, par un embrassement spirituel[3] que l’âme devient féconde en véritables vertus. » (Cité de Dieu, X, 14 ; t. II, p. 186 de la trad. de M. Saisset.)

« Apulée affirme que le Dieu souverain, créateur de toutes choses, qui est pour nous le vrai Dieu, est le seul, suivant Platon, dont aucune parole humaine ne puisse donner la plus faible idée ; à peine est-il réservé aux sages, quand ils se sont séparés du corps autant que possible par la vigueur de leur esprit, de concevoir Dieu, et cette conception est comme un rapide éclair qui fait passer un rayon de lumière à travers d’épaisses ténèbres. Or, s’il est vrai que ce Dieu, vraiment supérieur à toutes choses, soit présent à l’âme affranchie des sages, d’une façon inintelligible et ineffable, même pour un temps, même dans le plus rapide éclair, et si cette présence ne lui est point une souillure, pourquoi [comme le fait Apulée] placer les dieux à une distance si grande de la terre, sous prétexte de ne les point souiller par le contact de l’homme[4]  ? » (Cité de Dieu, IX, 16 ; t. II, p. 163 de la trad.)

  1. Voy. en outre le morceau cité ci-dessus p. 607.
  2. Cette citation paraît se rapporter à l’Enn. I, liv. VI, § 7 ; t. I, p. 109.
  3. C’est l’expression même employée ci-dessus par Plotin, p. 62 : « Il suffit de l’atteindre par une sorte de contact intellectuel.
  4. Nous terminerons ces citations de saint