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SAINT BASILE.

grand (1), concevoir nécessairement une essence intellectuelle, infinie par sa puissance, illimitée par sa grandeur, qui ne peut être mesurée par le temps ni par les siècles (2), et qui fait part libéralement des biens qu’elle possède (3). C’est vers cette essence que se tournent tous les êtres qui ont besoin d’être sanctifiés ; c’est à elle qu’aspirent tous ceux qui vivent conformément à la vertu (4) ; c’est elle qui répand sur eux son souffle comme une rosée (5), et les aide à atteindre le but de leur nature. Elle donne aux autres êtres la perfection, et elle ne manque elle-même de rien (6) ; bien loin de vivre d’une


PLOTIN.

(1) Concevez que le fondement sur lequel repose notre monde est dans l’Être qui existe partout et qui le contient. Représentez-vous leur rapport uniquement par l’esprit, en écartant toute dénomination de lieu. (Enn. VI, liv. IV, § 2 ; t. III, p. 307.)

(2) Si nous reconnaissons une pareille nature pour infinie, puisqu’elle n’a pas de bornes, n’avouerons-nous pas que rien ne lui manque ?... L’Être intelligible, étant la nature première, n’a pas d’étendue mesurée ni limitée, parce qu’il est la puissance universelle, sans nulle grandeur déterminée. Il n’est pas non plus dans le temps, parce que le temps se divise continuellement en intervalles, tandis que l’éternité demeure dans son identité, domine et surpasse le temps par sa puissance perpétuelle, quoique celui-ci paraisse avoir un cours illimité. (Enn. VI, liv. V, § 4 et 11 ; t. III, p. 346 et 359.)

(3) C’est le caractère d’une puissance inépuisable de communiquer ses dons à toutes choses, de ne pas souffrir qu’aucune d’elles en soit déshéritée, puisqu’il n’y a rien qui empêche chacune d’elles de participer du Bien dans la mesure où elle en est capable. (Enn. IV, liv. VIII, § 6 ; t. II, p. 490.)

(4) Le Bien que tu atteins n’est pas différent de celui que j’atteins moi-même ; il est le même… Étant tous contenus dans un seul et même principe, nous voyons le Bien et nous le touchons tous ensemble par la partie intelligible de notre être. (Enn. VI, liv. V, § 10 ; t. III, p. 357-358.)

(5) Ainsi l’Âme, étant toujours illuminée, illumine à son tour les choses inférieures, qui subsistent par elle, comme les plantes se nourrissent de la rosée, et qui participent à la vie, chacune selon sa capacité. (Enn. II, liv. IX, § 3 ; t. I, p. 263.)

(6) Le Bien est le principe dont tout dépend, auquel tout aspire, d’où tout sort et dont tout a besoin. Quant à lui, il est complet il se suffit à lui-même, etc. (Enn. I, liv. VIII, § 2 ; t. I, p. 118.)