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SAINT BASILE.

Celui qu’on ne peut voir lui-même (1). Par la contemplation bienheureuse de cette image tu verras la beauté de l’archétype (2). C’est le Paraclet qui élève les cœurs, conduit les faibles comme par la main, et amène à la perfection ceux qui sont déjà avancés dans la bonne voie. Illuminant ceux qui sont purifiés de toute souillure, il les rend spirituels parle commerce qu’ils ont avec lui. De même que les corps brillants et transparents, quand un rayon du soleil vient à tomber sur eux, deviennent éclatants et répandent eux-mêmes une grande clarté ; de même, les âmes qui reçoivent l’Esprit-Saint et sont illuminées par lui deviennent elles-mêmes spirituelles et font rejaillir la grâce sur les autres (3). Par là, elles ont la prescience de l’avenir, l’intelligence des mystères ; par là, elles comprennent les choses cachées, elles ont part à la distribution des grâces, elles habitent la cité céleste et elles forment un chœur avec les anges (4) ; par là encore


PLOTIN.

d’abord rendre l’organe de la vision semblable à l’objet qu’il doit contempler. Jamais l’œil n’eût aperçu le soleil s’il n’en avait d’abord pris la forme ; de même, l’âme ne saurait contempler la Beauté si d’abord elle ne devenait belle elle-même. (Enn. I, liv. VI, § 9 ; t. I, p. 112.)

(1) L’Intelligence est l’image de l’Un, etc. (Enn. V, liv. I, § 7 ; t. III, p. 15.)

(2) En atteignant le Bien, l’Intelligence en prend la forme (car c’est du Bien qu’elle tient sa forme), et elle devient parfaite, parce qu’elle en prend la nature. Il faut juger ce qu’est l’archétype d’après la trace qu’il laisse dans l’Intelligence, concevoir son vrai caractère d’après l’empreinte qu’il y fait. (Enn. III, liv. VIII, § 10 ; t. II, p. 235.)

(3) Ce monde divin répand la lumière sur tous d’un lieu invisible ; en s’élevant au-dessus de son horizon sublime, il projette partout ses rayons, il inonde tout de sa clarté… En l’apercevant, ceux qui peuvent le contempler attachent leurs regards sur lui et sur tout ce qu’il contient… Tout brille dans le monde intelligible, et, en couvrant de splendeur ceux qui le contemplent, les fait paraître beaux eux-mêmes, etc. (Enn. V, liv. VIII, § 10 ; t. III, p. 126.)

(4) Quand nous contemplons l’Un, nous atteignons le but de nos vœux et nous jouissons du repos ; nous ne sommes plus en désaccord et nous formons véritablement autour de lui un chœur divin, etc. (Enn. VI, liv. IX, § 10 ; t. III, p. 557.)