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CINQUIÈME ENNÉADE.


partie supérieure de l’âme, celle qui dépend de l’intelligence, laisse l’intelligence demeurer en soi-même.

[Que fait donc l’âme qui est dans la plante ? N’engendre-t-elle rien ? Elle engendre la plante dans laquelle elle réside. C’est ce qu’il faut examiner en prenant un autre point de départ[1].]

II. Il y a, disons-nous, procession du premier au dernier, et dans cette procession chacun occupe la place qui lui est propre. L’être engendré est subordonné à l’être générateur. D’un autre côté, il devient semblable à la chose à laquelle il s’attache, aussi longtemps qu’il y reste attaché. Quand l’âme passe dans le végétal, il y a une de ses parties qui s’unit à lui [c’est la puissance végétative] ; il n’y a d’ailleurs que la partie de l’âme la plus audacieuse[2] et la plus insensée qui descende aussi bas. Quand l’âme passe dans la brute, c’est qu’elle y est entraînée par la prédominance de la puissance sensitive[3]. Si elle passe dans l’homme, elle y est conduite soit par l’exercice de la raison discursive[4], soit par le mouvement par lequel elle procède de l’Intelligence, parce que l’âme a une puissance intellectuelle qui lui est propre, qu’elle a par conséquent le pouvoir de se déterminer par elle-même à penser et en général à agir.

Maintenant, revenons sur nos pas. Quand on coupe les rejetons ou les rameaux d’un arbre, où va l’âme végétative qui s’y

    drent les unes les autres en se développant de plus en plus, en s’éloignant ainsi de plus en plus de l’Un par leur pluralité. Voy. Enn. IV, liv. VIII, § 6 ; t. II, p. 489.

  1. Nous plaçons ici entre crochets une phrase qui dans toutes les éditions est mise à la fin du § 2 auquel évidemment elle n’appartient pas : car elle se rapporte à procession des êtres, ce qui est le sujet du § 1, tandis que le § 2 ne traite que du retour à l’Un. Elle nous paraît ici compléter cette pensée de Plotin que l’âme, en vertu de sa procession, produit une puissance inférieure qui communique la vie à la plante.
  2. Sur le sens de ce mot, Voy. ci-dessus, p. 3, note 2.
  3. Voy. Enn. III, liv. IV, § 2, t. II, p. 90-92.
  4. Voy. Enn. IV, liv. VIII § 7, t. II, p. 491.