Page:Plutarque - Œuvres complètes de Plutarque - Œuvres morales et œuvres diverses, tome 1, 1870.djvu/189

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partie des reproches que l’on adresse, Que l’on y mêle tou jours des louanges. 34. Il ne faut jamais s’irriter des remon trances d’un ami. — 35. Sages tempéraments qui sont néces saires dans les remontrances. 36. Adoucir les blâmes pár des éloges. S’appliquer à prévenir les fautes bien plutôt qu’à les constater. 37, S’abstenir de toute précipitation, de toute aigreur dans les remontrances.

[1] Quand un homme, ô Antiochus Philopappus, répète souvent qu'il s'aime fort lui-même, Platon dit que tous le lui pardonnent ; mais pourtant, ajoute-t-il, ce vice a plus d'une conséquence funeste, et surtout il empêche qu'on ne puisse être pour soi un juge équitable et incorruptible. En effet celui qui aime s'aveugle sur l'objet aimé, si par une étude spéciale il n'a pas pris l'habitude d'honorer et d'estimer ce qui est honnête, plutôt que ce qui lui est personnel et qui est inné en lui. C'est par là que s'ouvre au flatteur un champ si vaste en pleine amitié. Notre amour-propre lui donne merveilleusement prise sur nous. Chacun étant pour soi-même un premier adulateur et le plus grand de tous, on n'hésite pas à faire accueil au flatteur étranger, en qui l'on veut, en qui l'on croit, trouver un témoin et comme un garant de plus à ses propres yeux; car celui qui aime la flatterie et à qui on le reproche, est surtout rempli d'amour-propre; et par suite de l'affection qu'il se porte il veut avoir toutes les qualités, et il croit les posséder toutes. Or ce n'est pas une ambition déplacée que de les vouloir, mais se figurer qu'on les possède est une persuasion dangereuse et qui a besoin de beaucoup de retenue. Mais si la vertu est chose divine, si, comme l'avance Platon, elle est la source de tous biens pour les dieux, de tous biens pour les hommes, le flatteur risque fort d'être ennemi des dieux et surtout d'Apollon Pythien, puisqu'il est toujours en contradiction avec le "connais-toi toi-même". Il s'attache à tromper sur leur propre compte les gens qu'il circonvient, à leur faire ignorer ce qu'ils sont eux-mêmes, de telle sorte que les