Page:Plutarque - Œuvres complètes de Plutarque - Œuvres morales et œuvres diverses, tome 1, 1870.djvu/77

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de sentiments, qui les empêche de marcher avec assurance ; et très judicieuse est la réflexion du poète :

On se sent enchaîné si, même ayant du cœur,
D’un père ou d’une mère on sait le déshonneur.[1]

Au contraire, ceux qui naissent de parents distingués entre tous sont indubitablement remplis de confiance en eux-mêmes et d’une noble présomption. Ainsi Diophante, fils de Thémistocle, répétait souvent, dit-on, et devant de nombreux témoins, que toutes ses volontés devenaient celles du peuple d’Athènes. « Car, disait-il, ce qui a été décidé par moi l’est également par ma mère ; ce qui l’est par ma mère l’est par Thémistocle, et ce que Thémistocle veut tous les Athéniens le veulent aussi. » Il faut, à cet égard, louer sans réserve la fierté de sentiments qui détermina les Lacédémoniens à frapper d’une amende pécuniaire leur roi Archidamus, parce qu’il s’était résigné à prendre en mariage une femme de petite taille. « Ce ne sont pas des rois, alléguaient-ils, qu’il songe à nous donner : ce sont des roitelets. »

[3] Je me trouve conduit à parler d’une recommandation que n’ont pas négligée non plus mes prédécesseurs. Quelle est-elle ? Les hommes qui se rapprochent de leur femme dans l’intention de procréer des enfants doivent s’être complétement abstenus de vin, ou n’en avoir bu, du moins, qu’avec modération lorsqu’ils procèdent à cet acte. En effet il arrive fréquemment que les fils engendrés par des pères pris de boisson deviennent plus tard portés au vin et à l’ivrognerie. C’est pourquoi Diogène, voyant un jeune homme qui était hors de lui-même et qui donnait des signes d’extravagance : « Jeune homme, lui dit-il, ton père t’engendra dans un moment d’ivresse Je m’en tiendrai là pour ce qui est de la procréation des enfants. C’est de leur éducation qu’il faut maintenant parler.

[4] Une considération dominera tout le sujet. Ce que nous avons coutume de dire sur les arts et les sciences, il faut le dire également sur la vertu. La vertu parfaite exige le concours

  1. Euripide, Hippolyte, v. 424.