Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 1.djvu/120

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n’en eurent pas le moindre soupçon ; ils crurent, en voyant sa flotte, que c’étaient des vaisseaux amis. Thésée se saisit du port sans résistance, et ayant aussitôt débarqué, il va surprendre la ville de Cnossos. Il se livre, aux portes mêmes du labyrinthe, un combat sanglant, où il taille en pièces les troupes de Deucalion, et le tue lui-même. Ariane étant devenue, par sa mort, maîtresse du royaume, Thésée fit avec elle un traité par lequel il retira les jeunes prisonniers athéniens ; et il conclut une alliance entre les Athéniens et les Crétois, qui jurèrent de ne jamais recommencer la guerre.

XX. On débite encore sur le compte de Thésée et d’Ariane beaucoup de choses fort incertaines. Les uns disent que cette princesse, abandonnée par Thésée, se pendit de désespoir ; d’autres prétendent que, conduite par des matelots dans l’île de Naxos, elle y épousa Œnaros, prêtre de Dionysos, et que Thésée la sacrifia à une nouvelle passion. Son amour pour Eglé le rendit infidèle. Héréas de Mégare dit que Pisistrate retrancha ce vers des ouvrages d’Hésiode ; et que, pour faire plaisir aux Athéniens, il ajouta celui-ci dans la description des enfers par Homère : Pirithoos, Thésée, illustre fils des dieux. Suivant quelques auteurs, Ariane eut de Thésée deux