Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 1.djvu/121

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fils, Œnopion et Staphylos. C’est le sentiment d’Ion de Chios, qui dit de sa patrie qu’elle eut pour fondateur Le brave Œnopion, fils du vaillant Thésée. Ce qu’il y a de plus généralement avoué dans ces fables, et qui est, pour ainsi dire, dans la bouche de tout le monde, est raconté tout différemment par l’historien Péon, de la ville d’Amathonte. Thésée, dit-il, ayant été jeté par la tempête sur les côtes de Chypre, et Ariane, qui était grosse, se trouvant fort incommodée de la mer, il la débarqua seule sur le rivage, il retourna au vaisseau pour veiller à sa sûreté, et fut emporté par les vents en pleine mer. Les femmes du pays recueillirent Ariane ; et, pour adoucir le chagrin qu’elle avait de se voir abandonnée, elles lui remirent des lettres qu’elles supposaient écrites par Thésée, lui prodiguèrent leurs secours dès qu’elle ressentit les douleurs de l’enfantement ; et, comme elle mourut sans pouvoir accoucher, elles lui rendirent avec soin les derniers devoirs. Thésée arriva pendant les obsèques ; et, vivement affligé de sa mort, il laissa aux habitants du pays une somme d’argent pour faire chaque année un sacrifice à Ariane. Il consacra aussi deux statues à sa mémoire, l’une d’argent, et l’autre d’airain. Dans le sacrifice, qui se fait le du mois Gorpiaïos,