Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 1.djvu/207

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arracher : comme le terrain était bon, le bois eut bientôt germé ; il prit racine, jeta des branches, et poussa une belle tige de cornouiller. Les successeurs de Romulus, jaloux de conserver cet arbre, qu’ils honoraient comme un des monuments les plus sacrés, le firent entourer de murailles. Si quelqu’un, en passant, croyait s’apercevoir que son feuillage n’était ni vert ni touffu, et qu’il se flétrissait faute de nourriture, il en avertissait à haute voix toutes les personnes qu’il rencontrait ; elles couraient aussitôt, comme à un incendie, et demandaient de l’eau à grands cris ; tous les voisins y en apportaient des vases pleins, et l’arrosaient. Lorsque César fit réparer ces degrés, les ouvriers, en creusant près de l’arbre, offensèrent par mégarde ses racines, et le firent périr.

XXVII. Les Sabins adoptèrent les mois des Romains. Nous rapporterons, dans la vie de Numa, tout ce qu’il y a à dire d’intéressant sur cet objet. Romulus prit des Sabins la forme de leurs boucliers ; il changea son armure et celle des soldats romains, qui auparavant portaient des boucliers argiens. Les deux peuples firent en commun leurs sacrifices et leurs fêtes ; et, sans retrancher aucune de celles qu’ils célébraient chacun en particulier, ils en instituèrent de nouvelles. De ce nombre est la fête