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DE PLUTARQUE.

de la Béotie étaient décriés dans toute la Grèce pour leur stupidité ; elle était passée en proverbe à Rome même, et jusqu’au temps d’Horace. Ce poète, en parlant du peu de goût avec lequel Alexandre jugeait les ouvrages de poésie : « Vous auriez juré, dit-il, que ce prince avait respiré, en naissant, l’air épais de la Béotie. » Leurs écrivains eux-mêmes en convenaient, et eu attribuaient la cause à leur voracité. Il est vrai que Plutarque, en rappelant ce reproche, convient aussi que dès le temps même de Socrate il commençait à s’affaiblir. Pindare, en effet, avait déjà dû faire une exception marquée à ce caractère stupide commun aux Béotiens ; après lui Epaminondas avait prouvé que le sol de la Béotie pouvait produire de grands hommes ; enfin Plutarque, par l’universalité de ses connaissances, par la bonté de son esprit, par l’excellence d’î sa morale, avait dû faire oublier ce proverbe outrageant, et rétablir la réputation des Béotiens. Le portrait avantageux qu’il fait, dans ses ouvrages, de son père, de son aïeul et de ses frères, montre encore que l’agrément, la politesse et le bon ton n’étaient pas étrangers au climat de la Béotie.

VI. Sa famille, une des plus honnêtes de Chéronée, était distinguée de toutes les autres par son ancienneté, par ses richesses, et par les