Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 1.djvu/40

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
34
VIE

alors cinquante ans ; j’ai peine à croire qu’il eût attendu si tard à se marier ; et je pourrais en trouver des preuves dans les écrits mêmes de Plutarque, si cette question méritait d’être approfondie. Il épousa une femme de Chéronée, nommée Timoxène, fille d’un Aristion dont il est parlé dans les Propos de table. Le mariage est une des circonstances qui influent le plus sur la destinée des hommes : il décide presque toujours du reste de leur vie. Plutarque eut le rare avantage de trouver dans Timoxène toutes les qualités de l’esprit et du cœur qui pouvaient le rendre heureux : le portrait qu’il en fait lui-même, après plusieurs années de mariage, montre qu’elle joignait à une âme élevée, à un caractère ferme et supérieur à toutes les faiblesses de sou sexe, une douceur, une modestie, une simplicité, qui lui conciliaient tous les cœurs. S’il est vrai, comme M. Dacier le pense, que Plutarque, dans ses Préceptes du mariage, n’ait fait que retracer ce qui se pratiquait dans sa maison, on peut dire qu il réunissait tous les avantages que les hommes désirent le plus : la gloire solide qui suit les grands talens, et les jouissances douces et pures qui sont attachées aux vertus domestiques. Quels témoignages de tendresse il donne à sa femme dans un de ses ouvrages !