Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 1.djvu/512

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camp. Les Sabins, surpris de tous côtés, sont bientôt défaits et mis en déroute ; ceux du camp ne songent pas même à se défendre, ils prennent la fuite, et sont taillés en pièces. Rien ne leur fut plus funeste que l’espérance qu’ils avaient chacun de son côté que les autres n’avaient pas été battus dans cette pensée, aucun des corps d’armée ne songea à tenir ferme et à combattre. Les troupes du camp allaient vers celles de l’embuscade, qui de leur côté couraient vers le camp, et, au lieu d’y trouver un refuge, ne rencontraient que des fuyards, qui avaient eux-mêmes besoin du secours qu’ils espéraient recevoir d’elles. Tous les Sabins auraient péri si quelques uns, surtout de ceux qui se sauvèrent du camp après qu’il fut tombé au pouvoir de l’ennemi, n’eussent trouvé un asile dans Fidènes ; ceux qui ne purent gagner cette ville furent tués ou faits prisonniers.

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Les Romains, quoique accoutumés à rapporter aux dieux la gloire de leurs succès, attribuèrent à la conduite seule de leur général la victoire qu’ils venaient de remporter. Le premier mot des soldats fut que Valérius leur avait livré les ennemis pieds et poings liés, et qu’ils n’avaient eu qu’à les égorger. Le peuple trouva dans les dépouilles et dans la vente des prisonniers de quoi réparer ses pertes précédentes. Publicola reçut les honneurs du triomphe ; et, après