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VIE

sur sa facilité à croire et à raconter des faits qui paraissent impossibles ou hors de toute vraisemblance. Par exemple^ il rapporte que Pyrrhus, d’un coup de son cimeterre, fendit eu deux un cavalier armé de pied en cap, et que les deux moitiés de son corps tombèrent chacune de leur côté. On regarde un pareil fait d’armes comme au-dessus des forces humaines : c’est le jugement que tout le monde en portera au premier coup-d’œil. Cependant l’avantage que la position du lieu pouvait donner à Pyrrhus sur sou ennemi, la trempe de son arme, la force qu avait acquise xui prince naturellement robuste et endurci de bonne heure par les plus rudes exercices, toutes ces considérations ne rendent-elles pas le fait vraisemblable ? Ne voyons-nous pas encore aujourd’hui des hommes faire des traits de force qui ne paraissent pas croyables ? et dans ces temps-là les hommes, les guerriers surtout, recevaient une éducation bien différente de la nôtre, et qui pouvait doubler, tripler même leurs forces naturelles. La manière dont Plutarque raconte la délivrance de Rome par Camille, au moment où elle était pour ainsi dire dans la balance avec l’or de sa rançon, a paru encore, à ces mêmes critiques, tenir trop du merveilleux pour n’en pas suspecter la vérité. Ce qui