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DE PLUTARQUE.

autorise ce soupçon, c’est que Polybe, historien exact et judicieux, rapporte que pendant que les Gaulois tenaient le Capitole assiégé, ils apprirent l’invasion des Vénitiens dans leur pays, firent la paix et se retirèrent. Il est certain que dans le récit de Plutarque tous les événemens tiennent moins de la simplicité d’une narration historique que du merveilleux d’un poème. Mais est-ce la seule occasion où les faits les plus surprenans, les plus inattendus, ont eu cependant une certitude incontestable ? D’ailleurs ici Plutarque a pour garant Tite-Live, qui raconte ces événemens avec les mêmes circonstances. Je ne vois pas comment Polybe, né en Grèce, aurait pu être mieux instruit sur les faits de l’histoire romaine que Tite-Live, né en Italie, et qui, pour remplir un plan aussi vaste que le sien, avait dû consulter les monuments les plus anciens, et puiser dans toutes les sources. M. Dacier avait déjà justifié Plutarque de cette injuste accusation.

XXIV. Le reproche de superstition, plus grave en soi, n’est pas mieux fondé. Plutarque, dit-on, raconte avec une exactitude puérile les prodiges les plus incroyables et les plus absurdes ; il voit dans les événemens les plus simples des signes de la protection ou de la