Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 11.djvu/116

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de toute cette guerre, s’étant couvert de ses plus belles armes, sortit de la ville sur un cheval magnifiquement paré ; et après l’avoir fait caracoler autour de César, qui était assis sur son tribunal, il mit pied à terre, se dépouilla de toutes ses armes, et alla s’asseoir aux pieds du général romain, où il se tint dans le plus grand silence. César le remit en garde à des soldats et le réserva à l’ornement de son triomphe.

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César avait résolu depuis longtemps de détruire Pompée, comme Pompée voulait de son côté ruiner César. Crassus, qui seul pouvait prendre la place de celui des deux qui aurait succombé, ayant péri chez les Parthes, il ne restait à César, pour devenir le plus grand, que de perdre celui qui l’était déjà ; et à Pompée, pour prévenir sa propre perte, que de se défaire de celui dont il craignait l’élévation. Mais c’était depuis peu que Pompée avait cette crainte ; jusque-là il n’avait pas cru César redoutable, persuadé qu’il ne lui serait pas difficile de renverser celui dont l’agrandissement était son ouvrage. César, qui de bonne heure avait eu le projet de détruire tous ses rivaux, avait fait comme un athlète qui va se préparer loin de l’arène où il doit combattre. Il s’était éloigné de Rome, et en s’exerçant lui-même