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Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 11.djvu/181

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il courut en foule aux maisons des meurtriers, pour y mettre le feu ; plusieurs même se répandirent dans la ville, et les cherchèrent dans le dessein de les mettre en pièces ; mais on ne put les découvrir, parce qu’ils se tinrent bien renfermés. Un des amis de César, nommé Cinna, avait eu, la nuit précédente, un songe assez extraordinaire : il avait cru voir César qui l’invitait à souper, et qui, sur son refus, l’avait pris par la main et l’avait entraîné, malgré sa résistance. Quand il apprit qu’on brûlait, sur la place, le corps du dictateur, il se leva ; et quoique inquiet du songe qu’il avait eu, quoique malade de la fièvre, il y courut pour rendre à son ami les derniers devoirs. Lorsqu’il arriva sur la place, quelqu’un du peuple le nomma à un citoyen qui lui demandait son nom ; celui-ci le dit à un autre ; et bientôt il courut dans toute la foule que c’était un des meurtriers de César : il y avait en effet un des conjurés qui s’appelait Cinna ; et le peuple, prenant cet homme pour le meurtrier, se jeta sur lui, et le mit en pièces sur la place même. Brutus et Cassius, effrayés de cette fureur populaire, sortirent de la ville peu de jours après. Je raconterai dans la vie de Brutus ce qu’ils firent depuis, et les malheurs qu’ils éprouvèrent.

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César mourut âgé de cinquante-six