Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 15.djvu/212

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l'incendie, portent eux-mêmes du bois, des roseaux, et toutes sortes de matières combustibles ; et en alimentant sans cesse le feu, ils l'eurent bientôt étendu dans toute la ville. Quand la flamme ainsi répandue, et s'élevant en tourbillons dans les airs, eut embrassé l'enceinte des murailles, Brutus, touché de compassion, courut à cheval le long des murs, cherchant tous les moyens de les secourir ; il leur tendait les mains : il les conjurait d'épargner, de sauver leur ville : mais il n'était écouté de personne ; ils ne voulaient, tous que mourir, non seulement les hommes et les femmes, mais les petits enfants même, dont les uns se jetaient au milieu des flammes en poussant des cris affreux, les autres se précipitaient du haut des murailles ; quelques-uns présentaient leur gorge toute nue aux épées de leurs pères, et les excitaient à les frapper.

Quand la ville eut été consumée par les flammes, on vit une femme qui, portant au cou son enfant mort, et suspendue elle-même à un cordeau avec une torche allumée, mettait le feu à sa maison. Brutus, à qui l'on vint le dire, n'eut pas la force d'aller voir un spectacle si horrible : il ne put en entendre le récit sans verser des larmes, et fit proposer une récompense pour tout soldat qui aurait pu sauver un Lycien ;