chargés de butin ; ils étaient campés dans la plaine sans précaution et avec beaucoup de négligence ; la nuit les surprit pleins de vin, et bientôt il régna dans leur camp un profond silence. Camille, averti par ses espions, sort à la tête des Ardéates, traverse sans bruit tout l’intervalle qui le séparait des ennemis, et arrive à leur camp vers le milieu de la nuit. Là, il ordonne à ses troupes de jeter de grands cris, et aux trompettes de sonner de tous les côtés pour effrayer les Barbares, que ce tumulte put à peine tirer du sommeil et de l’ivresse. Quelques-uns seulement, réveillés en sursaut, prirent les armes, et, après une faible résistance, ils périrent en combattant. Les autres, accablés de vin et de sommeil, furent presque tous égorgés avant d’avoir eu le temps de s’armer. Le petit nombre de ceux qui, à la faveur des ténèbres, s’échappèrent du camp et se dispersèrent dans la campagne, furent enveloppés le lendemain matin par la cavalerie, qui les passa tous au fil de l’épée.
[24] XXXI. La renommée ayant porté rapidement le bruit de cette victoire dans toutes les villes voisines, Camille vit accourir près de lui une foule de jeunes gens, et surtout ceux des Romains qui, retirés à Véies depuis la défaite d’Allia, y déploraient le malheur de leur patrie : « Quel général, disaient-ils, la fortune a