Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 3.djvu/116

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enlevé à Rome ! Tandis que Camille illustre par ses exploits la ville d’Ardée, celle qui vit naître et qui a nourri ce grand homme est perdue sans ressource. Nous-mêmes, faute d’un chef qui nous conduise, renfermés dans une ville étrangère, nous restons dans l’inaction, et nous trahissons l’Italie. Pourquoi n’envoyons-nous pas demander aux Ardéates notre général ? ou plutôt pourquoi ne pas prendre les armes, et aller nous-mêmes nous joindre à lui ? Pouvons-nous voir dans Camille un banni ? nous-mêmes sommes-nous encore des citoyens, quand il ne nous reste plus de patrie, et que Rome est au pouvoir des Barbares ? ». Tous décidèrent unanimement de députer vers Camille, pour le prier de prendre le commandement. Il répondit qu’il ne l’accepterait qu’autant que le choix qu’ils faisaient de lui serait ratifié, conformément aux lois, par les citoyens renfermés dans le Capitole ; que tant qu’ils y existeraient, il verrait en eux la patrie ; qu’il se hâterait d’obéir à leurs ordres ; mais qu’il n’agirait point sans les avoir reçus. On admira la modestie et la sagesse de Camille ; mais l’embarras était de trouver quelqu’un qui portât cette nouvelle au Capitole ; il paraissait même impossible d’y entrer, tant que les ennemis seraient maîtres de la ville.

[25] XXXII. Il y avait parmi ces Romains un jeune