Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 3.djvu/117

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homme d’une condition médiocre, mais passionné pour la gloire, nommé Pontius Cominius, qui s’offrit pour cette mission périlleuse. Il ne voulut pas se charger de lettres pour les Romains qui étaient dans le Capitole, afin que, s’il était pris, les ennemis ne pussent découvrir les desseins de Camille. Vêtu d’une méchante robe, sous laquelle il portait des écorces de liège, il part, et marche sans crainte pendant tout le jour : arrivé près de Rome à l’entrée de la nuit, et ne pouvant passer le pont du Tibre, qui était gardé par les Barbares, il entortille autour de sa tête le vêtement léger qui le couvrait, et se met à la nage : soutenu par le liège dont il s’est muni, il traverse ainsi le Tibre jusqu’au pied des murailles, et, évitant toujours les endroits où les feux et le bruit l’avertissaient qu’on faisait bonne garde, il gagne la porte Carmentale, où régnait le plus grand silence. C’était aussi de ce côté du Capitole que la montée était la plus raide, et le rocher qui l’environnait le plus escarpé : il le gravit sans être aperçu, et arrive, avec bien de la peine et bien des efforts, jusqu’aux premières gardes. Il les salue et se nomme. On le fait avancer, et il est conduit aux magistrats. Les sénateurs s’assemblent sur-le-champ, et Pontius leur annonce la victoire des Ardéates, qu’ils ignoraient ; il leur apprend le choix que les soldats ont fait de Camille