Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 3.djvu/132

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cette perplexité, une esclave nommée Tutola, d’autres disent Philotis, conseilla aux tribuns militaires de l’envoyer au camp des Latins, avec les plus jeunes et les plus belles de leurs esclaves, habillées comme des filles de condition libre, et de se reposer sur elle du reste. Les magistrats, ayant approuvé ce conseil, choisirent le nombre d’esclaves qu’elle crut nécessaire, les habillèrent avec magnificence, et les envoyèrent au camp des Latins, qui n’était pas éloigné de la ville. Pendant la nuit, ces filles ôtèrent les épées des ennemis ; et Tutola, ou Philotis, étant montée sur un figuier sauvage, étendit derrière elle une couverture, et éleva du côté de Rome un flambeau allumé ; signal dont elle était convenue avec les magistrats, à l’insu de tous les autres citoyens : ce qui fit que les soldats, pressés par leurs officiers, sortirent de la ville en désordre, en s’appelant les uns les autres, et qu’ils eurent bien de la peine à se mettre en bataille. XLIV. Ils tombèrent sur les retranchements des ennemis, qui ne s’y attendaient pas ; et les ayant surpris dans le sommeil, ils s’emparèrent du camp et y firent un grand carnage. Cet événement arriva le jour des nones de juillet, appelé alors « quintilis » : et ce jour-là, on célèbre encore à Rome, en mémoire de cette action, une fête dans laquelle les citoyens, sortant