Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 5.djvu/336

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à la nage le courant le plus rapide. Il rapporte qu’il lui avait transcrit, de sa propre main, des traits d’histoire en gros caractère, afin qu’il profitât, dans la maison même, des faits vertueux des anciens Romains. Il s’abstenait, devant son fils, de toute parole déshonnête avec autant de soin qu’il l’aurait fait devant ces vierges sacrées que les Romains appellent vestales. Il ne se baignait jamais avec lui : c’était un usage général à Rome ; et les beaux-pères mêmes se seraient bien gardés de se baigner avec leurs gendres ; ils auraient rougi de paraître nus devant eux. Depuis, ils apprirent des Grecs à se baigner nus avec les hommes ; et ils enseignèrent, à leur tour, aux Grecs, à se baigner avec les femmes.

XXXI. Ainsi Caton ne négligeait rien pour former son fils à la vertu, et le conduire à la perfection. Il est vrai qu’il trouvait en lui les meilleures dispositions, et que la bonté de son naturel rendait son esprit docile aux leçons de son père ; mais, la faiblesse de son corps ne lui permettant pas de grands travaux, Caton fut obligé de relâcher un peu de la sévérité et de la rigueur de son éducation. Cependant, malgré cette faiblesse, son fils montra beaucoup de valeur dans les combats, et se distingua dans la bataille que Paul Émile gagna sur le roi Per-