Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 5.djvu/337

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sée. Dans ce combat, un coup qu’il reçut à la main lui fit sauter son épée. Affligé de cet accident, il se tourne vers quelques uns de ses camarades, et les prie de l’aider à la recouvrer. Il retourne avec eux se jeter au milieu des ennemis : là, il combat si longtemps, il fait de si grands efforts, qu’il parvient à les écarter et à éclaircir l’endroit où elle était tombée ; il la trouve enfin sous un monceau d’armes et de morts, tant amis qu’ennemis. Le général Paul Émile loua fort ce jeune homme ; et l’on a encore une lettre de Caton à son fils, dans laquelle il relève singulièrement son ardeur et ses efforts pour retrouver son épée. Ce jeune homme épousa, dans la suite, Tertia, fille de Paul Émile et sœur de Scipion : il dut cette grande alliance autant à son propre mérite qu’à la vertu de son père. Tels furent les soins et les succès de Caton dans l’éducation de son fils.

XXXII. Il avait toujours un grand nombre d’esclaves qu’il achetait parmi les prisonniers ; il choisissait les plus jeunes, et par-là les plus susceptibles d’éducation, comme de jeunes chiens ou des poulains sont plus faciles à dresser. Aucun de ses esclaves n’allait jamais dans une maison étrangère, qu’il n’y fut envoyé par Caton ou par sa femme ; et toutes les fois qu’on demandait à l’esclave ce que faisait son maître,