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Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 5.djvu/339

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crime digne de mort, il le jugeait en présence de tous les autres ; et, s’il était condamné, il le faisait mourir devant eux.

XXXIII. Devenu enfin trop ardent à acquérir des richesses, il négligea l’agriculture, qui lui parut un objet d’amusement plutôt qu’une source de revenus ; et, voulant placer son argent sur des fonds plus sûrs et moins sujets à varier, il acheta des étangs, des terres où il y eût des sources d’eaux chaudes, des lieux propres à des foulons, des possessions qui occupassent beaucoup d’ouvriers, qui eussent des pâturages et des bois, dont il retirât beaucoup d’argent, et dont Jupiter, comme il disait lui-même, ne pût diminuer le revenu (08). Il exerça la plus décriée de toutes les usures, l’usure maritime ; et voici comment il la faisait. Il exigeait de ceux à qui il prêtait son argent qu’ils fissent, au nombre de cinquante, une société de commerce ; et qu’ils équipassent autant de vaisseaux, sur chacun desquels il avait une portion qu’il faisait valoir par un de ses affranchis, nommé Quintion, qui, étant comme son facteur, s’embarquait avec les autres associés et avait sa part dans tous les bénéfices. Par-là il ne risquait pas tout son argent, mais seulement une petite portion, dont il tirait de gros intérêts. Il prêtait aussi de l’argent à ses es-