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Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 5.djvu/348

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de l’amitié. À la sienne, les sujets les plus ordinaires des conversations étaient l’éloge des citoyens distingués par leur vertu ou par leur courage ; jamais on n’y faisait mention des méchants et des gens inutiles. Caton ne permettait pas qu’on en parlât à table ni en bien ni en mal.

XL. On croit que le dernier de ses actes politiques fut de faire décider la ruine de Carthage. À la vérité, le jeune Scipion consomma l’ouvrage ; mais ce fut par le conseil et aux instances de Caton qu’on entreprit cette guerre ; et voici quelle en fut l’occasion. Envoyé, comme ambassadeur, auprès des Carthaginois et de Massinissa, roi de Numidie, qui se faisaient la guerre, il était chargé d’examiner les causes de leurs différends. Massinissa avait été de tout temps l’ami du peuple romain ; et les Carthaginois, depuis leur défaite par Scipion, avaient obtenu la paix par un traité qui, en leur imposant un tribut énorme, les avait en même temps dépouillés d’une partie de leur empire. Caton, au lieu de trouver Carthage dans l’état d’affaiblissement et d’humiliation où la croyaient les Romains, la vit peuplée d’une jeunesse florissante, regorgeant de richesses, pourvue de toutes sortes d’armes et de provisions de guerre, pleine de confiance dans toutes ces ressources,