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Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 7.djvu/259

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et couchés à terre sur leurs boucliers, ils le prièrent de différer la bataille. Sylla y consentit, quoique avec peine, et donna l’ordre de camper. Ils commençaient à faire les retranchements, lorsque Marius s’avança fièrement à cheval jusqu’aux palissades, dans l’espérance de les surprendre en désordre et de les disperser facilement. Mais dans ce moment la fortune vérifia le songe de Sylla. Ses soldats, irrités des bravades de Marius, interrompent leurs travaux, plantent leurs piques sur le bord du fossé, et, mettant l’épée à la main, ils fondent avec de grands cris sur les troupes ennemies, qui, après une légère résistance, tournèrent le dos ; on en fit un grand carnage, et Marius s’enfuit à Préneste, dont il trouva les portes fermées ; mais on lui jeta du haut des murs une corde dont il se lia, et il fut ainsi enlevé dans la ville. Quelques historiens, du nombre desquels est Fenestella, prétendent que Marius ne se trouva pas même à la bataille ; qu’accablé de lassitude et de ses longues veilles, après avoir donné le mot pour la bataille, il se coucha par terre sous un arbre, et s’y endormit si profondément qu’il ne fut réveillé qu’avec peine par le bruit de la déroute. Sylla écrit dans ses Commentaires qu’il ne perdit à cette action que vingt-trois hommes, qu’il en