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Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 7.djvu/72

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Aussi tous les témoignages d'honneur et d'estime que ce prince lui prodigua ne purent rien gagner sur Marius, qui, inflexible dans ses résolutions, lui dit avec dureté : « Prince, ou essayez de devenir plus puissant que les Romains, ou faites sans rien dire ce qu'ils vous commandent. » Ces paroles étonnèrent Mithridate, qui avait souvent entendu parler de la liberté du langage romain, mais qui ne l'avait pas encore éprouvée. Marius, de retour à Rome, fit bâtir une maison près de la place publique, soit, comme il le disait, afin d'épargner à ceux qui venaient lui faire leur cour la peine d'aller si loin, soit qu'il regardât l'éloignement de son ancienne demeure comme l'obstacle qui empêchait un grand nombre de gens de se présenter à sa porte. Mais ce n'était point là ce qui éloignait d'aller chez lui : la véritable cause, c'est que, peu propre aux affaires civiles, manquant de cette douceur et de cette affabilité qui caractérisaient les autres personnages de son rang, on le négligeait pendant la paix, comme un instrument qui n'était bon que pour la guerre.

34. Il n'était pas fort affecté de voir sa réputation éclipsée par celle de beaucoup d'autres ; mais il ne pouvait supporter que l'envie des nobles contre lui fût la cause de l'élévation de Sylla,