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Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 9.djvu/495

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délicieuse des aromates et des essences dont la chambre était embaumée ; quand de là il fut passé dans la tente même, et qu’il eut admiré son élévation et sa grandeur, la magnificence des lits et des tables, la somptuosité et la délicatesse du souper, il se tourna vers ses amis et leur dit : Voilà ce qu’on appelait être roi.

XXVIII. Il allait se mettre à table, lorsqu’on vint lui dire qu’on avait amené parmi les captifs la mère et la femme de Darius, avec ses deux filles ; qu’à la vue de l’arc et du char de Darius elles avaient poussé des cris lamentables et s’étaient déchiré le sein, ne doutant pas que ce prince ne fût mort. Alexandre, plus sensible à leur infortune qu’à son propre bonheur, après être resté quelque temps en silence, envoya Léonatus leur apprendre que Darius n’était point mort, et qu’elles n’avaient rien à craindre d’Alexandre ; qu’il ne faisait la guerre à Darius que pour l’empire ; et qu’elles trouveraient auprès de lui tout ce qu’elles recevaient de ce prince dans sa plus grande fortune. Ces paroles si douces, si consolantes pour des princesses captives, furent suivies d’effets pleins de bonté : il leur permit d’enterrer autant de Perses qu’elles voudraient, et de prendre dans les dépouilles, pour ces funérailles, tous les habits