Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 1.djvu/209

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l’usage d’Athènes, et différente de celui de Mégare. Les Mégariens tournent les morts du côté du levant, et les Athéniens vers le couchant. Il est vrai qu’Héréas le Mégarien[1] soutient qu’on tournait, à Mégare, les corps des morts du côté du couchant. Une preuve plus concluante encore, alléguée par Solon, c’est qu’à Athènes, chaque mort avait un cercueil séparé, et qu’à Mégare, on en mettait trois ou quatre dans un même cercueil. Mais on prétend que Solon eut pour lui des oracles de la Pythie, dans lesquels le dieu donnait à Salamine le nom d’Ionienne. Ce procès fut jugé par cinq Spartiates : Critolaïdas, Amompharétus, Hypséchidas, Anaxilas et Cléomène.

Solon avait acquis, par cet exploit, gloire et crédit ; mais l’admiration s’accrut encore, et on ne parla plus que de lui dans la Grèce, après le discours qu’il prononça pour le temple de Delphes. Il montra qu’on devait en prendre la défense, et ne pas souffrir que les Cirrhéens profanassent l’oracle ; qu’il fallait, pour l’honneur du dieu même, porter secours à Delphes. Les Amphictyons accueillirent ses remontrances, et ils déclarèrent la guerre aux Cirrhéens. C’est un fait attesté par plusieurs écrivains, entre autres par Aristote, dans son livre des Pythioniques[2] où il attribue le décret à Solon. Cependant Solon ne fut pas nommé général pour conduire cette guerre, nonobstant l’assertion d’Évanthe de Samos[3], cité par Hermippus. L’orateur Eschine lui-même n’en dit rien ; et on lit, dans les registres de Delphes, que ce fut Alcméon, et non pas Solon, qui commanda les Athéniens dans cette guerre.

Le sacrilège cylonien causait depuis longtemps de grands troubles dans Athènes. Les complices de Cylon

  1. Cet auteur n’est connu que de nom.
  2. Cet écrit d’Aristote n’est point parvenu jusqu’à nous. Le titre signifie les vainqueurs des jeux Pythiques.
  3. Écrivain inconnu d’ailleurs.