Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 1.djvu/500

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grand carnage. Mindare et Pharnabaze volent à leur secours : il les défait complètement. Mindare fut tué en combattant avec courage ; mais Pharnabaze prit la fuite.

Les Athéniens restèrent maîtres des morts, qui étaient en grand nombre, ainsi que des armes et de tous les vaisseaux. La fuite de Pharnabaze et la déroute des Péloponnésiens livrèrent de plus Cyzique entre leurs mains. Les Athéniens dominèrent dès lors en liberté sur l’Hellespont, et ils chassèrent les Spartiates de toute cette mer. On surprit une lettre, écrite en style laconien, qui informait les Éphores de cette défaite : « C’en est fait de notre fortune ; Mindare a été tué ; les soldats meurent de faim ; nous ne savons à quoi nous résoudre. »

Les compagnons d’Alcibiade avaient conçu une si haute opinion d’eux-mêmes, et ils avaient été pris d’un tel orgueil, qu’ils dédaignèrent, eux invaincus encore, de se mêler avec les autres soldats, qui avaient été plusieurs fois vaincus. En effet, Thrasyllus venait d’être battu auprès d’Éphèse ; et les Éphésiens avaient érigé un trophée de bronze à la honte des Athéniens. Les soldats d’Alcibiade le reprochaient à ceux de Thrasyllus ; et, glorifiant eux-mêmes leurs propres exploits et ceux de leur général, ils refusaient d’admettre les soldats de Trasyllus dans leurs lieux d’exercice, ou dans leurs quartiers de campements. Mais, Pharnabaze étant tombé sur eux avec un corps nombreux de cavalerie et d’infanterie, pendant qu’ils fourrageaient les terres des Abydéniens, Alcibiade vint promptement à leur secours, mit en fuite les ennemis, et les poursuivit, de concert avec Thrasyllus, jusqu’à ce qu’il fut nuit. Les deux corps d’armée se réunirent alors ; et ce fut en se prodiguant les témoignages d’amitié et de satisfaction réciproques, qu’ils rentrèrent ensemble dans le camp. Le lendemain, Alcibiade dressa un trophée ; et il s’en alla ravager le pays