Gorgias de Léontium[1] disait aussi que Cimon amassait des richesses pour en user, et qu’il en usait pour se faire estimer. Critias lui-même, qui fut un des Trente, souhaite, dans ses élégies :
L’opulence des Scopades, et la grandeur d’âme de Cimon,
Et les victoires d’Agésilas le Lacédémonien.
Lichas le Spartiate s’est fait un nom célèbre parmi les Grecs[2], uniquement parce qu’il recevait chez lui les étrangers au temps des Gymnopédies[3] ; mais la libéralité de Cimon surpassait même l’hospitalité et l’humanité des anciens Athéniens. Ceux-ci ont répandu parmi les hommes, et Athènes à raison de s’en glorifier, la semence de leur nourriture[4] ; ils leur ont découvert les sources d’eau, et enseigné l’usage du feu pour subvenir à leurs besoins. Mais Cimon, qui faisait de sa maison un prytanée commun à tous les citoyens, et qui laissait aux étrangers la liberté de cueillir les prémices des fruits de ses terres et de tous les biens qu’apportent les saisons, et d’en user à leur gré, Cimon ramena, pour ainsi dire, sur la terre, cette communauté de biens qui avait existé, suivant les traditions, au siècle de Saturne.
On a calomnié cette bienfaisance ; on l’a représentée comme une flatterie de Cimon pour gagner la multitude ; mais il ne faut, pour confondre ses détracteurs, que considérer le reste de la conduite de Cimon. Il te-
- ↑ C’est le célèbre rhéteur dont Platon a donné le nom à un de ses plus beaux dialogues : il était contemporain de Cimon.
- ↑ Lichas vivait au temps de la guerre de Péloponnèse.
- ↑ C’étaient des jeux qu’on célébrait à Sparte, et où des chœurs de jeunes gens chantaient des hymnes en l’honneur des Spartiates qui avaient été tués au combat de Thyrée.
- ↑ Les Athéniens prétendaient avoir les premiers quitté le gland pour le blé, et enseigné aux hommes l’art de cultiver et d’ensemencer la terre, transmis par Cérès à leur roi Triptolème.