Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/302

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tion de l’armée. On était d’avis qu’Agésilas allât camper auprès de Larisse et en faire le siège ; mais lui : « Je ne voudrais pas payer la conquête de la Thessalie entière, répliqua-t-il, de la perte d’un de ces deux hommes. » Il entama des négociations, et il les recouvra tous les deux.

Cette parole n’est peut-être pas étonnante de la part d’Agésilas ; car il apprit un jour qu’une grande bataille avait eu lieu près de Corinthe, et qu’il y avait péri en un instant, un grand nombre de braves ; quoique fort peu de Spartiates fussent restés sur la place, il n’en fit paraître ni joie, ni orgueil ; mais, au contraire, il poussa un profond soupir en disant : « Hélas ! malheureuse Grèce, qui as détruit de tes propres mains tant d’hommes, qui, s’ils vivaient, seraient capables de vaincre tous les Barbares ensemble ! »

Les Pharsaliens étaient venus l’attaquer, et harcelaient son armée : il prit avec lui cinq cents cavaliers, commanda une charge, les mit en déroute, et éleva un trophée au pied du mont Narthacium. Cette victoire lui causa une satisfaction extrême, parce qu’avec une si petite troupe de gens de cheval qu’il avait formés lui-même, il avait vaincu ceux qui se vantaient le plus de leur supériorité dans la cavalerie.

Là il rencontra Diphridas, qui était éphore, et qui venait de Sparte pour lui ordonner d’envahir sur-le-champ la Béotie. Son intention était bien de le faire plus tard avec une armée plus considérable ; mais il ne crut pas devoir montrer la moindre désobéissance aux magistrats, et il dit à ceux qui étaient avec lui : « Le jour approche, pour lequel nous venons d’Asie. » Ensuite il fit venir deux compagnies des troupes qui campaient devant Corinthe. Cependant les citoyens qui étaient restés dans Lacédémone firent publier, pour lui faire honneur, que les jeunes gens