Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/306

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qu’elles paraissaient être encore celles qu’y avait mises Aristodème[1]. Au rapport de Xénophon[2], le canathre de sa fille n’avait rien qui le distinguât de ceux des autres jeunes filles. On appelle canathres des chaises de bois en forme de griffons, de cerfs ou de boucs, dans lesquelles les filles se font transporter aux cérémonies publiques. Xénophon n’a pas écrit le nom de la fille d’Agésilas ; et Dicéarque s’indignait que nous ne connussions le nom ni de la fille d’Agésilas, ni de la mère d’Épaminondas. Mais nous avons trouvé dans les registres de Lacédémone que la femme d’Agésilas s’appelait Cléora, et ses filles, Apolia et Prolyta. On peut même encore voir de lui une lance conservée à Lacédémone : elle ne diffère en rien des autres. Cependant, comme il voyait des citoyens qui se croyaient quelque chose parce qu’ils nourrissaient des chevaux, et qui en étaient tout fiers, il engagea sa sœur Cynisca à monter sur un char, et à disputer le prix dans Olympie, voulant par là montrer aux Grecs que cette espèce de victoire n’est pas le fruit du mérite, mais des richesses et de la dépense.

Il avait près de lui le sage Xénophon, auquel il témoignait les plus grands égards ; il l’engagea à faire venir ses enfants à Lacédémone, et à les y faire élever, pour qu’ils y apprissent la plus belle des sciences, celle d’obéir et de commander.

Après la mort de Lysandre, Agésilas découvrit une ligue que celui-ci, à son retour d’Asie, avait aussitôt formée contre lui ; et d’abord il voulut faire connaître aux citoyens le caractère de Lysandre. Lysandre avait laissé dans ses papiers un discours écrit par Cléon d’Halicarnasse, que lui-même devait prendre et prononcer devant le peuple, et dont le but était de faire des chan-

  1. Fils d’Hercule, et le premier auteur de la famille royale de Sparte.
  2. Dans son Éloge d’Agésilas.