affligeante encore que n’était effrayant leur appareil : les poupes étaient dorées ; il y avait des tapis de pourpre et des rames argentées ; on eût dit que les pirates se faisaient honneur et trophée de leur brigandage : partout, sur les côtes, c’étaient des joueurs de flûte, de joyeux chanteurs, des troupes de gens ivres ; partout, à la honte de la puissance romaine, des officiers du premier ordre emmenés prisonniers, des villes captives se rachetant à prix d’argent. Les vaisseaux corsaires montaient à plus de mille, et les villes dont ils s’étaient emparés, à quatre cents. Les temples, jusqu’alors inviolables, furent profanés et pillés : ceux de Claros[1], de Didyme[2], de Samothrace[3] ; ceux de Cérès à Hermione, et d’Esculape à Épidaure[4] ; ceux de Neptune dans l’Isthme[5], à Ténare[6] et à Calaurie[7] ; d’Apollon à Actium[8] et à Leucade[9], de Junon à Samos, à Argos et à Lacinium[10]. Ils y faisaient les sacrifices barbares en usage à Olympe[11], et y célébraient des mystères secrets, entre autres ceux de Mithrès[12], qui subsistent encore de nos jours, et qu’ils ont, les premiers, fait connaître.
Ils ne se bornèrent pas à insulter à chaque instant les
- ↑ Île de la mer Ionienne, fameuse par son temple d’Apollon.
- ↑ Didyme était un canton du territoire de Milet, où se trouvait un temple commun à Jupiter et à Apollon.
- ↑ Île de la mer Égée, au-dessous de la Thrace, vis-à-vis de l’embouchure de l’Hèbre, où se célébraient les mystères de la religion des Gabires.
- ↑ Hermione et Épidaure, deux villes de l’Argolide.
- ↑ C’est l’isthme de Corinthe.
- ↑ Promontoire du Péloponnèse, à peu de distance de Lacédémone
- ↑ Petite île sur la côte de la Trézénie.
- ↑ Sur le golfe d’Ambracie.
- ↑ Petite île le long des côtes d’Acarnanie.
- ↑ Promontoire d’Italie, sur la mer Ionienne.
- ↑ On ne sait pas bien de quel Olympe Plutarque veut parler : ce n’est certainement pas de la montagne célèbre chez les poètes.
- ↑ C’est sous ce nom que les Perses adoraient le soleil.