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POÈTES MORALISTES DE LA GRÈCE

Accomplis mes vœux, il en est temps, ô roi de l’Olympe, Jupiter ; à moi aussi accorde, en échange, de mes maux, un peu de bien. Que je meure, si je ne dois pas attendre de toi quelque relâche à mes peines, si tu ne m’envoies que des douleurs, après des douleurs. Car tel est mon destin : je ne vois point venir le châtiment de ceux qui possèdent mes biens, qui les ont ravis par la violence ; et moi, comme le chien, j’ai tout laissé dans le torrent à grand’peine traversé. Puissé-je boire leur sang, puisse un génie favorable me venir en aide et accomplir ce que souhaite mon âme (341-350) !

Ah ! méchante pauvreté, pourquoi tardes-tu à me quitter pour en aller trouver un autre ? Pourquoi m’aimes-tu, moi qui ne te puis souffrir ? Va-t’en, va visiter une nouvelle demeure ; cesse de partager ma misérable existence (351-354).

Cyrnus, tu t’es réjoui dans la prospérité ; sois courageux dans l’infortune, puisque le sort a voulu qu’elle te fût aussi connue. Tu as passé du bien au mal ; fais effort pour en sortir, en invoquant les dieux (355-358).

Ne te répands pas en plaintes, Cyrnus ; quand tu te plains, tu en trouves peu qui s’inquiètent de ton malheur (359-360).

Le cœur de l’homme se contracte, quand il a souffert une injure, et se dilate de nouveau, quand il s’est vengé (361-362).

Aie l’art de caresser ton ennemi ; mais, quand il sera sous ta main, punis-le, sans chercher de prétexte (363-364).

Modère ta passion, que ton langage ait toujours la douceur du miel. Ce sont les méchants dont le cœur a le plus d’âcreté (365-366).