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POÈTES MORALISTES DE LA GRÈCE

le charme et de la jeunesse et de la fortune (1119-1122) !

Ne me fais pas souvenir de mes malheurs : j’ai souffert comme Ulysse, qui pénétra dans la vaste demeure de Pluton et qui en sortit ; qui, par ses sages conseils, parvint à faire tomber sous le fer cruel les amants de Pénélope, de son épouse, qui l’avait attendu, près de son fils, jusqu’au temps où il rentra dans sa patrie et dans sa redoutable demeure (1123-1128).

Je veux boire, sans me soucier de la désolante pauvreté, non plus que des ennemis qui m’outragent. Mais je pleure l’aimable jeunesse, qui s’enfuit ; je gémis à l’aspect de la fâcheuse vieillesse, qui s’approche (1129-1132).

Il faut, Cyrnus, venir en aide à nos amis, quand leur malheur, commence, et chercher un remède à l’ulcère, quand il se forme (1133-1134).

L’Espérance est la seule bonne déesse qui soit encore chez les hommes. Les autres dieux nous ont quittés et s’en sont allés dans l’Olympe. Nous n’avons plus la Foi, cette grande divinité ; nous n’avons plus la Tempérance ; les Grâces, ami, ont abandonné la terre. Plus de serments sûrs chez les hommes ; on n’y révère plus les dieux immortels. La race des mortels pieux a passé ; on ne connaît maintenant ni les lois ni la piété. Cependant, tant qu’il vit, qu’il voit la lumière du soleil, un homme religieux peut compter sur l’Espérance. Qu’il adresse aux dieux ses prières, qu’il leur offre de riches victimes ; mais qu’avant, après tout, il sacrifie à l’Espérance. Il se gardera, en même temps, des discours obliques de ces pervers qui, sans crainte des dieux immortels, tournent toutes leurs pensées vers les possessions d’autrui, et cou-