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POÈTES MORALISTES DE LA GRÈCE

(Pontos)… Dites comment de ceux-ci naquirent les dieux auteurs de tous les biens, comment ils se partagèrent et possessions et dignités, comment enfin ils s’établirent sur les sommets de l’Olympe. Dites-moi toutes ces choses, ô Muses dont l’Olympe est le séjour, et les reprenant dès l’origine, enseignez-moi d’abord qui d’entre tous les dieux fut le premier. »

Et le poète entre en matière. « Au commencement fut le Chaos, puis la Terre, au vaste sein, base inébranlable de tous les êtres, le ténébreux Tartare dans le fond de ses abîmes, et l’Amour, le plus beau des dieux immortels… » Telles sont, suivant Hésiode, ici déjà se fondant sur des croyances antiques, mais les systématisant à sa manière, les quatre essences primordiales du monde, les quatre agents primitifs de la création, eux-mêmes incréés. Le Chaos préexiste évidemment : c’est, comme paraît le dire son nom, et comme les anciens l’avaient conjecturé, le vide, l’espace infini, le lieu de toutes choses ; en un sens moins abstrait, et par cela même plus conforme à l’intuition symbolique, l’abîme confus et ténébreux du sein duquel est sorti le monde organisé et visible, et qui coexiste avec le monde. Au sein du Chaos sans forme se produit la Terre ou la surface terrestre, étendue et figurée, base solide de l’univers et qui en occupe le centre. Quant au Tartare, qui est dans les profondeurs de la Terre, les anciens ont pu faire abstraction de lui en tant que principe du monde ; mais il n’en est pas moins essentiel à la conception cosmologique d’Hésiode, comme région téné-