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Page:Poésies complètes de Robert Burns, 1843.djvu/130

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POÉSIES DE BURNS.

Et je déplore, dans de profondes lamentations,
Que la vie et l’amour ne soient qu’un songe,

II.

Je vois sans plaisir tes rayons orner
La montagne lointaine aux vagues contours ;
Je vois sans plaisir ton croissant qui tremble
Réfléchi dans le ruisseau murmurant :
Ô mon cœur, que la passion bouleverse, calme-toi !
Et toi, puissance active, ô Souvenir, arrête !
Ah ! ce tressaillement plein d’angoisse doit-il
Pour toujours empêcher le retour de la paix ?

III.

Ce ne sont pas de vaines fictions, de poétiques douleurs
Qui me font pousser ces tristes plaintes de délaissement :
Point de pipeaux champêtres — de chants arcadiens ;
Pas de tortures controuvées, délicates et douces :
La foi engagée, la flamme mutuelle,
Les puissances d’en haut souvent attestées,
Le tendre nom de père promis,
Tels étaient les gages de mon amour !

IV.

Entouré de ses bras qui m’étreignaient,
Comme les instants passaient dans cette extase !
Combien j’ai désiré les agréments de la fortune,
Pour l’amour d’elle, d’elle seule !
Et, dois-je le croire ? — elle est partie,
Elle, l’orgueil secret de mon cœur triomphant !
Est-elle inattentive à ma plainte ?
Est-elle à jamais, à jamais perdue ?

V.

Oh ! peut-elle avoir un cœur assez bas,
Assez mort à l’honneur, mort à la vérité,
Pour quitter l’amant le plus passionné,
L’’époux futur de son jeune choix !
Hélas ! le sentier de la vie peut ne pas être uni,
Elle peut avoir à passer par de rudes malheurs !
Et alors qui adoucira ses angoisses et ses peines,
Qui partagera ses chagrins et les allégera :

VI.

Heures ailées qui passiez sur nous,
Emportées par l’extase et d’autant mieux goûtées,