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Page:Poésies complètes de Robert Burns, 1843.djvu/131

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POÉSIES DE BURNS.

Votre cher souvenir dans mon sein
Uccupait mes pensées thésaurisées avec amour.
Ce sein, à présent, comme il est triste et vide,
Lui jadis trop étroit pour elle !
Tout rayon même d’espoir détruit,
Et pas un désir pour dorer ces ténèbres !

VII.

Le matin qui annonce l’approche du jour
M’éveille au travail et à la douleur :
Je vois la longue suite des heures
Que j’aurai à supporter, traînantes et tardives :
De bien des angoisses, et de bien des tortures,
La troupe cruelle des souvenirs aigus
Doit déchirer mon cœur, avant que Phœbus, descendu,
Baise à l’occident la mer lointaine.

VIII.

Et quand, la nuit, je cherche le repos sur ma couche,
Tout harassé de soucis et de chagrin,
Mes nerfs rendus de fatigue, et mon œil brûlé de larmes
Me tiennent éveillé comme le voleur nocturne :
Ou si je m’assoupis, l’imagination règne en souveraine,
L’air farouche et hagard, et me remplit d’épouvante :
Même le jour, tout amer qu’il est, m’apporte du soulagement,
Après l’horreur d’une telle nuit.

IX.

Ô toi, brillante reine, qui au plus haut du ciel
Trônes à présent avec un pouvoir sans bornes :
Souvent ton regard, observant en silence,
Nous a vus promener au hasard nos pas amoureux !
Le temps fuyait inaperçu,
Tandis que le pouls luxurieux de l’amour battait fort,
Sous tes rayons à la lueur argentée,
À voir l’embrasement mutuel de nos yeux.

X.

Ô scènes fortement enchâssées dans la mémoire !
Scènes qui jamais, jamais ne reviendrez !
Scènes que, si dans ma stupeur j’oublie,
Je rejoue de nouveau, qui de nouveau me brûlez !
Mort à toute joie, à tout plaisir,
J’errerai dans la triste vallée de la vie ;
Et sans cspoir, sans consolation, je déplorerai
Le parjure d’une femme sans foi.