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Page:Poésies complètes de Robert Burns, 1843.djvu/135

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POÉSIES DE BURNS.

L’humble classe isvlée de la scène du monde ;
Les sentiments naturels dans leur force, les voies innocentes ;
Ce qu’aurait été Aien dans une chaumière ;
Ah ! quoique son mérite eût été inconnu, il y eût été bien plus heureux, je crois !
Le froid Novembre souffle à grand bruit et avec colère :
La courte journée d’hiver touche à son terme,
Les bêtes fangeuses sont retirées de la charrue,
Les noires troupes du corbeaux songent au repos.
Le paysan excédé de fatigue quitte son travail :
Ce soir sa semaine de labeur est finie ;
Il rassemble ses bêches, ses hoyaux et ses houes,
Éspérant goûter à l’aise le repos du matin,
Et fatigué, sur la bruyère, il dirige sa course vers son logis.

III.

Enfin sa chaumière isolée apparaît à sa vue,
Abritée sous un vieil arbre ;
Ses petits enfants qui l’attendent accourent en trébuchant
Au-devant de leur père avec un trémoussement et des cris de joie.
Son tout petit feu à la mine riante,
La propreté de son foyer, le sourire de sa femme écouome,
Le babil de l’enfant qui balbutie sur son genou,
Trompent tous ses soucis et son anxiété cuisante,
Et lui font oublier entièrement sa fatigue et sa peine.

IV.

Bientôt entrent les fils aînés,
En service au dehors, chez les fermiers d’alentour :
Les uns mènent la charrue, d’autres les troupeaux, d’autres prudents vont faire
Une affaire avantageuse à la ville voisine.
Leur première espérance, leur Jenny, devenue une femme,
Dans la fleur de la jeunesse, l’œil étincelant d’amour,
Arrive, peut-être pour montrer une belle robe neuve,
Ou pour déposer ses gagcs péniblement gagnés,
Afin d’aider ses chers parents, s’ils sont dans la gêne.

V.

Frères et sœurs vont au-devant avec une joie franche
Et se demandent réciproquement avec bienveillance s’ils prospèrent.
Ainsi réunis, les heures fuient d’une aile rapide sans qu’on s’en aperçoive ;
Chacun raconte les nouvelles qu’il voit ou entend ;
Les parents contemplent d’un œil partial leurs années pleines d’espoir ;
L’anticipation guide au loin la vue.
La mère, avec son aiguille et ses ciseaux.